Sophie Sahakian, Franck Fregosi, Être catholique en France aujourd'hui

Paris, Hachette, 1997, 267 p.

 

Hinweis: Diese Rezension übernehmen wir mit freundlicher Genehmigung aus der Revue de droit canonique (Strasbourg).

 

Ce volume contient une abondante information. Les sacrements qui jalonnent la vie chrétienne sont décrits avec leur rituel et les usages sociaux qui s'y rattachent. Le sacrement de l'ordre est l'occasion de fournir des chiffres sur le nombre et l'âge des prêtres ; l'éventail des diverses institutions de vie consacrée est joint en annexe. Les divers temps de l'année liturgique sont expliqués, avec les solennités qui en marquent les temps forts. Des cérémonies plus rares, comme la dédicace d'une église, la bénédiction d'une cloche, ne sont pas oubliées, ainsi que divers aspects de la dévotion mariale. Sont également passées en revue les diverses manifestations de piété collective ou individuelle : célébration eucharistique sous toutes ses formes, prière, prescriptions alimentaires et vestimentaires, évangélisation. Ensuite sont abordées les institutions catholiques : tout d'abord les diverses instances du gouvernement central de l'Église à Rome, en citant leur composition et leur fonction, puis les instances nationales, diocésaines, paroissiales, sans oublier les écoles confessionnelles de tous niveaux, les mouvements d'action catholique éducatifs ou caritatifs, et enfin la presse catholique.

1

Après une rapide mention des problèmes que peut poser la coexistence d'un droit propre (le droit canonique) et du droit étatique, sont évoqués les rapports entre les catholiques et la " chose publique ", sous l'angle de leur poids électoral, puis ceux de l'Église et de l'État. Sans omettre le particularisme concordataire de l'Alsace-Moselle.

2

Même si, après la séparation houleuse de 1905, la république et l'Église ont abouti à une laïcité consensuelle, des tensions demeurent, avivées par la récente encyclique Evangelium vitae dans laquelle Jean Paul II, qui semble nourrir un " rapport équivoque à la démocratie et à la modernité ", relativise la " légitime autonomie des réalités terrestres " prévue par la constitution conciliaire Gaudium et Spes.

3

Ce survol du contenu du volume montre que la variété de l'information ne le cède en rien à l'abondance. Rien ne semble passé sous silence, pas même l'exorcisme déprécatoire, la procédure de béatification, le culte de dulie ou d'hyperdulie... Il en résulte une certaine confusion, car les données sont insuffisamment hiérarchisées, l'essentiel ne ressort pas clairement. Par exemple : le pèlerinage de Chartres (et son chassé croisé entre intégristes et charismatiques) est cité comme les célébrations de la Pentecôte. De même, les représentations populaires (processions de reliques, défilés de confréries), les fêtes patronales, où la dimension folklorique, parfois même touristique, prend souvent le pas sur l'aspect religieux, sont mises au même plan que les solennités universelles.

4

Malheureusement, cet ouvrage sérieux cède parfois à la facilité et au sensationnel. L'importance du développement consacré aux positions du magistère de l'Église catholique quant à la morale sexuelle et à sa contestation par les fidèles (10 pages pleines), ne semble pas devoir s'expliquer autrement que par la médiatisation de ces questions. De même, les propos virulents d'un prêtre traditionaliste (p. 155), qui n'apportent rien au débat mais sont cités pour leur caractère spectaculaire. Ainsi peut s'expliquer aussi la place accordée aux tendances charismatiques et traditionalo-intégristes, qui sont plus visibles, plus remuantes et plus faciles à repérer. Cette tendance se manifeste également dans le tableau donné en annexe (p. 264) ; regroupant des " positions succinctes et sans nuances ", il est à la limite de l'erreur et frôle la caricature.

5

Alors, à qui s'adresse ce livre ? Pour le simple curieux, les données sont trop denses, trop touffues. Le catholique trouve peu d'éléments pour lui rappeler l'essentiel de ses convictions. Même averti que ce livre ne traite pas de théologie, même conscient que religion et foi sont différentes, il peut regretter que le contenu du dogme soit réduit à une brève paraphrase du Credo. Certes, une religion ne se résume pas aux croyances, mais elle ne peut les évacuer. De ce fait, bien que les informations fournies soient justes, à peine limitées par quelques imprécisions, ce catholique ne reconnaît pas sa famille dans le portrait qui en est fait. L'adepte d'une autre religion ou le " sans religion " qui cherche à s'informer sur le catholicisme risque de ressentir des frustrations du même ordre. Ceux qui ont soif de divin, qui sont en quête de sens, ne trouveront dans ce manuel qu'une description des pratiques catholiques. C'est sans doute la loi du genre.

6

Claude Lhuissier Noël