Miron M. Sikirić, La Communio quale fondamento e principio formale del diritto canonico

Studio teologico-giuridico, coll. Studia Antoniana 44, Pontificium Athaeneum Antonianum, Roma, 2001, p. 329.

 

Hinweis: Diese Rezension übernehmen wir mit freundlicher Genehmigung aus der Revue de droit canonique (Strasbourg).

 

Le lecteur trouvera dans cet ouvrage une étude historico-théologique sur le mot k o i n w n i a /communio dans l'Ancien Testament et dans la civilisation de l'antiquité grecque et latine jusqu'à la veille du Concile Vatican II ; une présentation de l'idée de communio dans les documents de Vatican II, où elle a été reprise après un long oubli ; des développements par rapport au statut épistémologique du droit canonique, sous forme d'analyse critique des courants de la Münchener Schule et de la Escuela de Navarra ; un inventaire des lieux du Code où le mot " communio " apparaît, ainsi qu'une interprétation de ce concept à la lumière des donnés du Code ; une étude sur " Parole, sacrement et charisme comme éléments fondamentaux de la communio dans la structure juridique de l'Église " ; une analyse/interprétation des modalités de présence de la communio dans la structure hiérarchique de l'Église, à savoir - d'après la lecture de l'Auteur - sur les cinq niveaux du Collège des évêques, du Concile oecuménique, du Synode des évêques, des Conférences épiscopales, du Synode diocésain.

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Un ouvrage, donc, articulé en plusieurs sujets, finalement synthétisés dans la vision personnelle de l'Auteur, qui ne cache pas se considérer, quant à la vision générale du droit canonique, plus proche de Munich (ou de Lugano) que de Pampelune . Les quelques remarques qui suivent se concentreront justement sur l'approche du P. Sikirić de la question épistémologique ; question qu'à juste titre notre Auteur retrouve dans le concept-clé - bien que flou - de " communio " .

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En opposant l'ecclésiologie de la communio à l'ecclésiologie de la societas juridice perfecta - et les écoles canoniques qui s'inspirent de ces deux modèles - l'Auteur rend à Eugenio Corecco l'honneur d'avoir considéré la catégorie de " communio " comme la clé du fondement théologique du droit canonique, en la ramenant, finalement, au droit divin. Il reproche toutefois au canoniste suisse, dont tout le monde connaît la définition du droit de l'Église comme eine theologische Disziplin mit theologischer Methode, de n'avoir pas suffisamment précisé le contenu de la méthode de la science canonique, théologique ou juridique. Le P. Sicirić propose, pour sortir de l'impasse du conflit des méthodes, une approche syncrétiste, et, sur la trace d'autres auteurs, déclare considérer le droit canonique comme une discipline théologico-juridique avec une méthode théologico-juridique. Or, s'il est permis de faire une remarque tout à fait générale, le fait de considérer la méthode du droit canonique comme une méthode théologique-juridique ne nous permet pas d'obtenir une meilleure détermination du contenu de la méthode, au contraire. De fait, nombreuses sont les théologies qui ont une légitimité dans le catholicisme (à moins de ne pas vouloir tout réduire à une seule théologie officielle), et nombreux sont les " styles " juridiques dans la science juridique contemporaine. Nous sommes confrontés, à l'heure actuelle, à une polyphonie d'orientations et d'approches dans l'étude du droit canonique qui enrichit la discipline. Du reste, en choisissant la formule " discipline théologico-juridique avec une méthode théologico-juridique ", P. Sikirić déclare l'emprunter à des auteurs tels May et Egler, Heimerl et Pree, ou Berlingò, qui sont particulièrement sensibles aux plus récentes acquisitions de la théorie du droit (voir par exemple H. Pree, " Ius divinum between normative text, normative content, and material value structure ", The Jurist 56, 1996, p. 41-67, et S. Berlingò, " Spunti di teoria generale nella canonistica contemporanea ", Diritto Ecclesiastico 102, 1991, I, p. 32-64). Ces auteurs s'efforcent de faire de cette pluralité de suggestions un facteur de créativité herméneutique dans le droit canonique, en retenant de l'expérience juridique séculière tout ce qui peut être valorisé dans une perspective chrétienne.

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De ce point de vue, la question de la " communio ", auquel le P. Sikirić a consacré sa œuvre, semble un terrain idéal pour recenser la richesse d'approches qui, de Leonardo Boff à Eugenio Corecco, animent la théologie et le droit de l'Église de l'après Concile.

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Edoardo Dieni