François Boespflug et Yves Labbé (dir.), Assise 10 ans après, 1986-1996

Paris, Cerf, 1996, 302 p

 

Hinweis: Diese Rezension übernehmen wir mit freundlicher Genehmigung aus der Revue de droit canonique (Strasbourg).

 

Dans les négociations avec les États, les représentants de l'Église catholique se retrouvent de plus en plus souvent en compagnie de leurs homologues d'autres religions. Ce volume consacré aux suites de la rencontre d'Assise (27 octobre 1986) intéresse donc le canoniste. Les éditeurs ont réuni des textes officiels, à savoir les discours du pape Jean-Paul II concernant cet événement (p. 39-61), des " regards sur la journée d'Assise " (p. 65-153) et des études sur ses conséquences (p. 157-286). Les différentes contributions traitent des principaux enjeux d'une telle rencontre entre les religions : les actes prophétiques (F. Boespflug), la prière (F. Wernert et F. Boespflug), le témoignage éthique (M. Clavier), la paix des peuples (Y. Labbé), le salut en Jésus Christ (M. Deneken), le dialogue interreligieux (Y. Labbé). Ces apports sont très éclairants, autant par la part d'information qu'ils fournissent que par les réflexions menées, à partir des ressources de la philosophie, de la théologie et de l'histoire, sur différents aspects de la rencontre des religions, dont la notion de tolérance (p. 139 s.), la philosophie du dialogue (p. 266 s.), les conditions et les formes de la prière, la disponibilité à l'Esprit Saint (p. 210, 215) et tant d'autres. Bien des questions restent ouvertes (voir les nombreux points d'interrogation dans les titres), dont celle de la prière. À ce propos, on peut s'interroger sur le bon usage du vocabulaire technique chrétien, en grande partie d'origine assez récente : est-il le plus adapté au dialogue entre les religions ? Ainsi, le terme liturgie n'est entré dans le langage théologique que tardivement, pour désigner une part, certes la plus importante, de la prière chrétienne. Mais dans l'Antiquité chrétienne, la réflexion théologique, qui n'ignorait pas les autres pratiques religieuses, s'exprimait par les termes de religion, piété, culte et adoration. Une étude comparative, à ce propos, pourrait s'avérer utile. Les réflexions sur les décalages dans l'information, selon qu'elle s'exprime par l'image (les photos de la journée d'Assise) ou par les déclarations officielles, sont également très stimulantes (p. 221). Elles conduisent à proposer une certaine ascèse de l'arcane (p. 242). L'ensemble de ces contributions est d'une grande qualité scientifique ; les auteurs fournissent, chacun dans son domaine, des informations bibliographiques et l'état des recherches. Aussi le lecteur éprouve-t-il quelque déception à la lecture des p. 157-176, sur les apports du concile Vatican II concernant la révélation (une contribution achevée, semble-t-il, le 14/2/96). Le lien avec la journée d'Assise n'y est perceptible que par la citation de quelques extraits d'un discours du pape (l'auteur aurait pu renvoyer aux pages précédentes, 42-43), la longue note sur le mot sacrement (p. 162) est hors sujet, car ce mot est absent du texte, tout au plus trouve-t-on deux occurrences de l'adjectif sacramentel, employé dans un sens large (p. 169-170). Quant à l'application indifférenciée du même terme révélation à des phénomènes de nature diverse, elle obscurcit le propos. S'il s'intéresse aux semina Verbi (p. 160 s.), au concept de christianité (p. 172), au discours de s. Paul à Athènes (p. 173) ou à l'inculturation (p. 175), le lecteur dépassera vite ces quelques pages décevantes et trouvera sur ces mêmes questions des apports plus substantiels aux p. 207 à 218.

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Marcel Metzger